Ma premiere Boum by Ségolène Valente

Auteur:Ségolène Valente [Valente, Ségolène]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Jeunesse
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00

Une fois seules, Malika a enchaîné sur une question embarrassante :

— Au fait, tu voudrais sortir avec qui ?

— N’importe, et toi ?

Je ne tenais pas à en dévoiler plus.

— Pareil, ça m'est égal, s’est-elle contentée de répondre.

Peut-être se doutait-elle que je lui cachais quelque chose et attendait-elle mes confidences avant de se livrer.

— Pourquoi cette question ? ai-je demandé.

— Si je le savais, je pourrais te donner un coup de main... enfin, c’est comme tu veux.

Soudain, la bande à Nono a surgi au bout de la rue. On se serait cru dans un western. Nono était au centre. Normal, c’est le leader. À ses côtés, Bip-Bip et Farid veillaient à ce que personne ne se mette en travers de leur route. Ils se dirigeaient droit sur nous, les mains dans les poches, sans dire un mot.

J’étais soulagée de changer de sujet. Malika a rebondi sur une question beaucoup moins embarrassante :

— Tu crois qu’il l’a déjà fait, mon frère ?

— Quoi donc ?

— Sortir avec une fille.

— Tu penses bien, il est en cinquième. Et toi, tu lui as dit que tu l’avais déjà fait ?

— T’es pas folle ? Pour me faire zigouiller, non merci. Ne lui en parle surtout pas. Tu sais comment il est.

Elle n’avait pas à s’inquiéter, je n’avais jamais adressé la parole à son frère. C’était plutôt avec Rémy que j’avais envie de parler. D’ailleurs, cela m’a semblé bizarre qu’il ne soit pas avec eux. J’ai murmuré à Malika, avec mon air le plus détaché :

— Tiens, Rémy n’est pas là !

— Il doit être avec une fille, a-t-elle lancé dans un fou rire.

Moi, je ne riais pas du tout. Rien qu’à l’idée de l’imaginer avec une fille, j’étais morte de jalousie.

— Tu dis n’importe quoi, me suis-je insurgée.

— Oui, je dis n’importe quoi, a répondu Malika.

Elle n’avait visiblement pas compris que je manquais d’humour en ce qui concernait Rémy.

J’ai lancé un coup d’œil noir à Malika pour qu’elle se taise parce que les trois nonos arrivaient. On se lisait des blagues Carambar pour avoir l'air occupé. Très vite, Malika leur a annoncé la nouvelle :

— Ma copine fait une boum samedi. Ça vous tente ?

Ils se sont alors adressés à quelqu’un qui se trouvait derrière nous :

— T'es chaud pour une teuf ?

— Pourquoi pas, a répondu une voix timide et profonde.

Je me suis retournée : c'était Rémy. Il semblait être là depuis un moment. On ne l’avait pas entendu arriver. Je m’efforçais de me rappeler ma conversation avec Malika, pour être sûre que je n'en n’avais pas trop dit. Le trou noir. Mes mains sont devenues moites.

— On ne l’avait pas vu celui-là ! s'est exclamée Malika.

On s'est lancé un coup d’œil rapide : elle était blême et moi, comme à mon habitude, je devais être rouge comme une tomate.

Le Carambar me collait aux mains. J'aurais voulu le jeter, mais la poubelle se trouvait à l’autre bout de la rue. Maintenant qu’ils étaient là, je n’allais quand même pas partir.

Grâce à l'émotion,

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